[Opéra national de Lyon (hors les murs). Répétition de...

[Opéra national de Lyon (hors les murs). Répétition de "Apollon et Hyacinthe", de Mozart (mise en scène : Myriam Tanant]
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localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT2368 07
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
descriptionAdresse de prise de vue : Chapelle Saint-Joseph du Centre Saint-Marc, 10, rue Sainte-Hélène, Lyon 2e.
historiqueL'Opéra de Lyon marque le bicentenaire Mozart en ressuscitant "Apollon et Hyacinthe". Son premier opéra, écrit à l'âge de onze ans. Mythologie et émois adolescents garantis, sous la direction de Claire Gibault et dans une mise en scène de Myriam Tanant.
historiqueChapelle des Bénédictins, Salzbourg, le 13 mai 1767 : les élèves des référents pères montent le petit opéra mythologique d'un enfant de leur âge : "Apollo et Hyacinthus" de Wolfgang Amadeus Mozart. L'on chante en latin. Chapelle des Jésuites, Lyon, le 13 mai 1991 : l'atelier lyrique et la maîtrise de l'Opéra donnent la création lyonnaise du même ouvrage. L'on chante aussi en latin... Ouvrage singulier, parce qu'écrit pour des enfants et chantés par eux. Mais surtout parce qu'il met en scène les amours mythologiques, hétérodoxes autant qu'homosexuelles du beau Zéphir et du tendre Hyacinthe, qui se disputent les grâces d'Apollon. Une histoire d'amour à trois, en quelque sorte... Même racontée par Ovide dans ses prolixes "Métamorphoses", qu'étudiait jadis tout potache un rien latiniste, cette histoire semble assez singulière pour un spectacle de collège. Mais pas anglais. Les révérends pères autrichiens du siècle des Lumières vous avaient de ces idées ! C'est donc Ovide qui narre le premier l'histoire. Il est vrai que les dieux de l'Olympe tombent volontiers amoureux d'adolescents, Jupiter de Ganymède, Hercule de Hylas, Apollon de Narcisse, de Cyparisse, de Hyacinthe... et de quelques autres. Mais, en l'occurence, Hyacinthe et Zéphyr sont tout deux amoureux du dieu du Soleil, qui préfère le premier. Las, le second se venge en détournant d'un souffle puissant, un disque lancé par Apollon, qui tue son rival. Le dieu en pleur immortalise son amour sous forme d'une Fleur : la jacinthe. Que l'on se rassure : quand les bénédictins de Salzbourg demandent au jeune Mozart (il a onze ans !), qui rentre de son voyage à Paris, un intermède pour le spectacle de fin d'année traditionnellement monté par leurs élèves, ils édulcorent soigneusement cette sulfureuse histoire, pour la rendre audible à des oreilles chastes et pures. C'est le père Rufinus Widl qui semble s'être acquitté de la tâche, lui qui est aussi l'auteur de la tragédie antiquisante, également écrite en latin, qui va servir de base au spectacle : "La clémence de Crésus". En latin. C'est entre les actes de celle-ci que seront joués les neuf numéros de "Apollo et Hyacinthus, seu Hyacinthi metamorphosis". L'introduction d'un personnage féminin, Mélia, totalement inventé par le digne ecclésiastique, va bien arranger les choses : c'est de cette soeur de Hyacinthe, fille d'Oebalus (autre rôle inventé), que Zéphir et Apollon tombent amoureux. Le premier tue Hyacinthe pour en faire accuser le second... Evidemment, les rôles sont interprétés par des adolescents et écrits comme tels : Apollon a 12 ans et une voix d'alto, Hyacinthe a le même âge et une voix de soprano, Zéphyr a 17 ans et Oebalus fait figure de doyen, du haut de ses 22 ans. Quant au personnage féminin de Melia, il est chanté par un garçon de 15 ans, puisque nous sommes, tout aussi évidemment, dans un collège uniquement masculin. On ignore le succès rencontré par ce qui reste le premier opéra écrit par Mozart, mais l'oeuvre ne passera pas à la postérité. Rarement reprise, et presque toujours par des chanteuses adultes à la place d'adolescents, elle ne sera créée en France qu'en 1967, à Paris, au Festival du Marais. En 1985, les merveilleux enfants du Tolzer Knabenchor ont ressuscité l'ouvrage, sous la direction d'Helmut Muller-Brühl. Ils viennent de participer à une remarquable reprise française, d'abord à Grasse, puis à Versailles, avec un orchestre jouant sur instruments anciens. Ce ne sera pas le cas à Lyon, puisque les dix-sept musiciens réunis par Claire Gibault, proviennent en grande partie des deux conservatoires. Ce sera surtout l'occasion d'entendre quelques-uns des enfants de la maîtrise de l'Opéra de Lyon nouvelle formule, dont s'occupe désormais ce (cette) chef d'orchestre, en même temps que de l'Atelier lyrique, où elle a succédé à Eric Tappy. Divers enfants de la maîtrise et un petit invité des Tolzer Knabenchor, chanteront en alternance Zéphyr et Hyacinthe. Mais, première modification d'importance, le rôle de Mélia sera confié à une femme (en alternance Sylvaine Davené et Cyrille Gerstenhaber) et celui d'Apollon à un contre-ténor (?) : Vincent Darras ou Alain Thaï. Addition, par contre, avec le personnage d'Orphée, sorte de narrateur hors-intrigue, racontant l'histoire et joué par un comédien. Autre modification : si les airs et le trio final (superbe !) seront bien chantés en latin ("celui de la tradition vaticane... il a fallu choisir", tient à préciser Claire Gibault), les récitatifs seront interprétés en français, dans une traduction et adaptation de Myriam Tanant. Car, alors que leur précédent spectacle triomphe en ce moment à l'Opéra-Bastille, Claire Gibault et Myriam. Tanant ont reformé leur tandem gagnant du spectacle Mozart-Salieri, de légendaire mémoire. "Il y avait là une oeuvre toute de séduction. A travers la mythologie et ses conventions, elle fait vibrer des êtres qui s'aiment et qui souffrent, à travers cet amour et jusqu'à la mort. Quoi de plus riche que l'adolescence ? C'est l'époque de l'amour tout simple, pas encore défini. Nous n'avons voulu rien souligner, ni rien gommer...", souligne le metteur en scène. Elle a travaillé avec le sculpteur d'origine morave Yvan Theimer, exposé dans dans le monde entier, dont des oeuvres ont été présentées à Lyon il y a quelques années. Et dont c'est la première incursion dans le décor d'opéra : "C'est lors de son exposition que j'ai remarqué les formes et les mondes minéraux de Theimer. J'ai été séduite, envoutée et j'ai entraîné Myriam voir ces sculptures... Nous avons contacté le sculpteur, qui a aussitôt voulu tenter l'aventure", rajoute Claire Gibault. Un opéra joué par des adolescents. Une production dont une partie sera présentée dans le cadre scolaire... Alors : un spectacle destiné aux enfants ? Rire des deux dames : "Oui, mais pas seulement il s'adresse aux jeunes de cinq à quatre-vingt quinze ans..." Source : "Amour, musique et adolescence" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 13 mai 1991, p.1 et 26.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP03840.

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